La classe de la préformation professionnelle
Pour la majorité des jeunes qui arrivent chez nous, l’école est liée à des vécus négatifs (difficultés, punitions, insatisfaction, angoisses parentales). L’adolescent n’a donc aucune envie d’investir ce domaine synonyme d’échecs, de tensions et de conflits.
Il convient dès lors de changer cette dynamique. La première étape consistera à adapter le travail scolaire au potentiel et aux objectifs personnels de l’adolescent pour qu’il puisse trouver la motivation nécessaire afin d’y donner un sens constructif et de s’astreindre à l’effort que demande tout apprentissage scolaire.
- En préformation, le travail scolaire est au service du projet personnel. Chaque jeune bénéficie d’un programme individuel axé sur ses besoins et adapté à son niveau scolaire. Il n’y a ni devoirs à faire le soir, ni notes : le travail se fait en classe uniquement. Chacun travaille à son rythme, et les évaluations sont là pour attester qu’une matière est acquise, non pas pour sanctionner négativement les manques.
- La classe aide le jeune à surmonter ses problèmes scolaires, à les dépasser en valorisant les connaissances acquises. Elle consolide les acquis, les développe dans le cadre d’une ou deux années de préformation. Elle offre au jeune un espace où il peut être écouté et pris en compte, lui donne ou redonne confiance, prépare et guide son entrée en apprentissage.
- Elle essaie de lui faire oublier les étiquettes de « mauvais élève, perturbateur, j’m’en foutiste, nul, etc. » collées sur son dos en portant l’accent sur ses compétences et non sur ses performances.
Démarche
Face aux objectifs visés par la classe, l’enseignant propose :
- des règles de vie et de gestion de classe favorisant l’autonomie et la responsabilité du jeune, des objectifs précis pour chacun ;
- une diversification des activités qui permettra à chaque jeune d’accroître ses compétences. Celles-ci reposent donc sur des tâches porteuses de sens pour l’élève et à sa mesure ;
- une collaboration accrue avec les milieux de la formation professionnelle, offices d’orientation, commission de soutien professionnel, entreprises, établissements scolaires, etc.
Évaluation
Afin d’offrir au jeune la possibilité d’évaluer son parcours, l’enseignant met sur pied :
- une évaluation informative (diagnostique) qui, au travers de tests et d’observations, fait l’état des acquis et des lacunes du jeune lors de son entrée en préformation ;
- une évaluation sommative régulière représentant un bilan des savoirs et des savoir-faire à un moment déterminé d’une période de formation de l’élève par rapport aux objectifs prévus ;
- une auto évaluation et co-évaluation (bilan de la semaine)
- une évaluation formative (évaluation continue) notant les progrès du jeune dans ses apprentissages par rapport à son point de départ personnel, indiquant en fait le développement de ses compétences et permettant un ajustement progressif de la démarche à l’objectif ;
- une évaluation ponctuelle, sous forme de bilan, lors des synthèses ;
- une évaluation de fin de parcours afin d’offrir à l’employeur les informations les plus précises possibles sur les compétences développées par l’adolescent et ses savoir-faire, et si possible une certification.
Conclusion
En conclusion, nous affirmons que la classe permet au jeune de sortir de ses blocages scolaires, qu’elle est un lieu où l’apprenant change progressivement son rapport à l’école et au savoir, où il devient acteur de sa formation. Elle est l’endroit où l’erreur est une étape et non le contraire de la vérité, un lieu où on lui donne le temps de la maturation. L’enseignant va aider à apprendre, éduquer, soutenir, donner confiance, accompagner, expliquer, corriger, coordonner et fait sien le serment du pédagogue Philippe Meirieu :
Tant que je n’ai pas épuisé tous les moyens pour savoir si un élève peut réussir… je n’ai pas le droit de dire qu’il n’est pas doué. Et comme je n’ai jamais épuisé tous les moyens, je n’ai jamais le droit de dire qu’il n’est pas doué ! Et c’est parce que je n’ai pas le droit de dire qu’il n’est pas doué … qu’il peut réussir !